Pourquoi je n’expose pas ma fille sur Internet

« Si tu ne la montres pas, c’est qu’elle ne doit pas être bien belle, ta fille ». J’ai reçu ce message (privé) sur Instagram il y a quelques années ; Inès avait tout juste 6 ou 8 mois. Malgré la violence des propos, ça a été comme un déclic : moi qui n’avais jamais montré le visage de ma fille, je n’allais sûrement pas changer d’avis à partir de ce moment-là. Comment peut-on être si aigri, si méchant… envers un bébé qu’on n’a même jamais vu des ses propres yeux ? Je me suis alors dit : et si je la montrais et qu’on m’envoyait ce genre de message, comment ma fille réagirait-elle quelque années plus tard, si elle l’apprenait ? Ne pas montrer le visage de ma fille (et ne pas la surexposer, de surcroît, sur Internet) reste, à ce jour, la meilleure décision que j’aie pu prendre. Et je vous explique aujourd’hui pourquoi !

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Parce qu’elle a le droit de gérer son image seule : libre à elle, plus tard, de montrer ce qu’elle veut d’elle… comme je le fais avec moi-même depuis ces 7 ans de présence en ligne. Elle a le droit, elle aussi, de parler (ou non) de ses sentiments, de dévoiler (ou non) son visage, les aspects de sa personnalité. Qui suis-je pour le faire à sa place ? Cela ne m’empêche pas de partager quelques anecdotes sur elle, quelques moments vécus ensemble, quelques traits de caractère. Mais je ne dévoile rien de sa personnalité profonde, de ses humeurs, de ses problèmes. Ma fille a droit a l’anonymat, c’est une personne mineure qui reste sous notre responsabilité.

Parce que j’ai peur des gens. De leur intrusion, de leur folie, de leur acharnement. J’ai déjà frôlé le cyber harcèlement il y a quelques années, alors imaginez dans quel état je me trouverais si cela arrivait à ma fille. Les gens peuvent être sans limites sur Internet, et peuvent vous prendre pour cible et faire de votre vie un cauchemar. Si cela m’arrive, j’assume, car je suis entièrement responsable de ce que je diffuse, et que je suis consciente de tous les risques que cela engendre. En revanche, je ne pense pas réagir de cette façon-là si cela arrivait à ma fille !

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Parce que je ne veux pas qu’elle subisse de moqueries. Nous habitons dans une ville de taille moyenne où tout se sait, et où tout le monde se connaît d’une façon ou d’une autre. Pour Inès, l’école, ça démarre dans 8 mois, avec tout ce que ça engendre : moqueries, jugements… tant de choses déjà difficiles à gérer pour un enfant « lambda ». Alors qu’est-ce que ça peut donner avec un enfant dont le visage et les moindres faits et gestes sont partout sur Internet ? Je veux qu’elle démarre dans la vie avec les mêmes chances, les mêmes droits et la même vie que n’importe quel autre enfant.

Parce que je ne veux pas être dépendante financièrement d’elle. Je grossis le trait, mais vous allez comprendre où je veux en venir ! Je ne compte plus les propositions de partenariats rémunérés / collaborations qui impliquent automatiquement de montrer le visage de ma fille. Je les refuse, une par une, jour après jour. Accepter un partenariat où on voit son visage, c’est prendre le risque que cela devienne une habitude, et se reproduise à l’avenir. C’est risquer de créer une rentrée d’argent qui ira de façon croissante, sur laquelle je me reposerai inévitablement. Ensuite, c’est l’escalade : ma fille peut devenir « l’objet » de ces marques / annonceurs, qui suggèreront des poses, des légendes, des mises en scène… que je ne valide pas. A ce jour, je veux rester maître de mon contenu, de ce que je diffuse, de ce que je présente. Si ma fille rentre dans la boucle, tout se bousculera et prendra une autre dimension. Je profite de ce court paragraphe pour remercier les marques de puériculture, de jeux pour enfants… qui m’ont contactée, et ne m’ont jamais dicté un discours, ni forcé à mettre en scène ma fille pour faire la promotion de leurs produits !

Que pensez-vous de l’exposition des enfants sur Internet ? ☆

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