Et si tu ne commentais plus sur Internet ?

Aujourd'hui, je t'écris comme je pouvais déjà le faire il y a quatre ans, à propos de réflexions qui me passent par la tête et avec lesquelles j'aimerais échanger avec toi. Si ma façon d'envisager ce blog et la blogosphère de manière générale a évoluée, l'idée initiale que j'avais à travers ce projet reste inchangée. J'aime t'écrire, savoir que tu vas me lire, que certaines choses vont peut-être percuter en toi et te donner envie de m'exposer tes propres points de vue et ressentis. Je trouve que le blog est le moyen parfait pour pouvoir communiquer autour de sujets que nous n'aborderions peut-être pas autrement, avec des personnes que nous n'aurions peut-être jamais eues l'occasion de rencontrer et qui ont une façon de voir le monde forcément différente de la nôtre. Cela demande cependant une certaine implication ; celle du blogueur qui doit faire un premier pas vers ses lecteurs, puis la tienne, qui doit y répondre. Mais alors, est-ce que la magie opère systématiquement ? Comment faire si cette implication est déséquilibrée ?

Si je me pose la question, tu l'auras compris ; entre toi et moi, il n'est pas question de magie ! D'abord, je poste trop peu régulièrement pour me créer un véritable lectorat. C'est logique, plus on partage des articles, plus on va toucher un grand nombre de personnes parmi lesquelles il y en aura qui s'attacheront plus particulièrement au blog et le suivront assidûment. A l'époque où je postais chaque semaine deux articles, la question de ton retour ne se posait même plus, je savais qu'il serait présent. Pourtant, en relisant mes chroniques, je les trouve bien moins intéressantes que celles que je peux écrire aujourd'hui. Ce n'est qu'une question de point de vue, certes, mais l'ensemble s'est quand même amélioré ; j'essaie d'être plus structurée, d'avoir une mise en page plus claire, des photographies plus simples mais lumineuses... Simplement, j'avais réussi à me trouver une flopée de lecteurs toujours présents et actifs, qu'on aurait appelée " la cible " dans le jargon. Mon objectif de très petite blogueuse était comblé : j'échangeais avec d'autres personnes autour de sujets qui m'intéressaient ! Même si l'on peut envier toujours plus, finalement, le nombre de lecteurs qui sortent de l'ombre importe peu tant qu'il est présent.

Maintenant, lorsque je programme un article et qu'arrive le moment de sa publication, j'ai toujours une petite appréhension qui ne me quitte pas. Et si personne ne me donnait son avis dessus ? Si personne ne me disait que ça lui a apporté quelque chose ? Alors à quoi je servirais, moi ? Si tu n'es plus là, je n'ai plus de raison d'être non plus. Quand nous disons que nous devons écrire pour nous et nous faire plaisir avant tout, c'est la vérité, et je n'en ai jamais été aussi certaine qu'aujourd'hui. Seulement, quel intérêt je peux bien trouver en partageant des articles qui n'auront pas de réponse ? Ce serait étrange de continuer à parler à une personne qui ne répond jamais ; ou alors on appelle cela une psychanalyse et ce serait un tout autre sujet (oooh je plaisante, allez).

Et si tu ne commentais plus sur Internet ?

Pour me rassurer, je pense alors aux lecteurs de l'ombre ; ceux qui lisent toujours sans pour autant commenter. Si le nombre de vues augmente à chaque publication, c'est bien parce que des personnes viennent me lire ou ont en tout cas à un moment ou à un autre cliqué délibérément sur mon article. Seulement, en réalité, qui sont-elles ? Des personnes tombées ici par hasard qui ont lu le titre et sont reparties ? Peut-être même qu'elles se sont trompées de lien, après tout. Bon, admettons, certaines lisent réellement l'article en entier. Est-ce qu'il leur a apporté quelque chose ? N'importe quoi ; un sourire, un début de réflexion, une envie d'en découvrir davantage... ? Comment je peux le savoir, moi, s'ils ne me le disent pas ?

Pour autant, je ne rejette pas la faute. D'abord, mes articles ne prêtent pas forcément à une réponse, c'est indéniable : parfois, il n'y a rien à dire. Ensuite, comme je l'expliquais précédemment, cela demande une certaine implication, donc du temps. J'en ai très bien conscience puisque tous les soirs en faisant le tour des réseaux sociaux, je me fais une immense liste d'onglets d'articles à lire que je ne commente jamais. J'ai le même comportement que tout le monde ; parfois je ne lis finalement que le titre, je ne regarde que les photos, et lorsque je suis attentive et dévore chaque mot de chaque phrase, je ne vais pas prendre davantage de temps pour laisser un petit mot. Ça me traverse rarement l'esprit et quand ça m'arrive, je me dis que, bon, d'autres le feront de toute façon à ma place.

Seulement, cet autre, par définition, ce n'est pas moi. Cet autre, il n'a forcément pas la même vision de cet article que moi et certainement pas la même façon de l'exprimer. Peut-être même qu'il est plutôt malveillant ou emporté par une sorte de mouvement le poussant à ne pas très bien réagir. Sans le savoir, il est possible que je passe à côté d'un déferlement de haine que j'aurais pu un chouïa contrer en écrivant seulement un petit mot gentil. Qu'est-ce que ça me coûte réellement, un mot gentil ? Un mot tout court, d'ailleurs ? Si cette réflexion t'intéresse, je t'invite à aller regarder la conférence TED de Marion Seclin qui l'aborde bien mieux que moi (et surtout, cela fait bien plus sens à travers son histoire) → ici.

Et si tu ne commentais plus sur Internet ?

Je soulève beaucoup de questions dans cet article mais je n'en ai pas la réponse. Probablement parce que c'est toi qui la détient et j'espère que tu prendras le temps de la partager avec moi, mais aussi avec d'autres blogueurs et autres partageurs d'informations sur Internet car, tu l'auras compris, cela peut avoir beaucoup de sens.

Et si tu ne commentais plus sur Internet ?