L’autre côté de mon expatriation

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source : Pinterest 

Cela faisait un petit bout de temps que je voulais écrire ce billet qui me tenait à coeur. Ces derniers temps, vous l’avez peut être remarqué, je suis un peu moins, voir plus du tout régulière sur le blog, après un petit coup de mou et quelques deceptions je me suis retrouvée là, loin de la France, dans un moment difficile et sans repères. Alors forcément, j’ai eu le temps de réfléchir, de penser à mon expatriation et aux conclusions que je pouvais en tirer jusqu’à aujourd’hui.

On a tendance parfois à uniquement parler du bon côté de l’expatriation, celui des cartes postales, des selfies joyeux et des paysages aussi magnifiques que dépaysants, des produits qu’on trouve ici et pas ailleurs…  mais il y a aussi des choses qui peuvent se révéler difficiles, parfois même alors que l’on se pensait ouvert d’esprit et prêt à conquérir le monde.

J’ai toujours été une passionnée de voyages, curieuse et avide de découverte, je me rappelle déjà petite, je disais tout le temps à mes parents que je ne vivrai jamais en France lorsque je serai plus grande. A la fin de ma Licence LEA, je suis partie étudier un an en Espagne à Madrid, ville de mon coeur, qui fut un déchirement lorsque j’ai du quitter ce pays dans lequel je me sentais en total osmose ( oh que c’est beau ! )

Les étapes d’une expatriation

Il y a un et demi, nous avons décidé avec le chéri ( et surtout moi ) de partir en Angleterre pour se faire une expérience à l’étranger après les études. Comme beaucoup de Français expatriés, la raison principale était d‘améliorer notre anglais mais aussi de découvrir une autre culture, et de s’éloigner de la négativité française et de la difficulté à trouver un emploi à l’heure actuelle.

Les débuts furent très difficiles, entre les règlements administratifs à booker en France, et les premiers pas outre manche, j’avais ce sentiment d’avoir le popotin entre deux chaises, un pied dans chaque pays en ne savant plus trop où j’appartenais. Puis vient la phase où tout parait merveilleux, c’est la phase de découverte où le regard met un joli filtre sur chaque image, où tout nous semble parfait, authentique et unique comme le serait un post instagram. Puis vient la phase d’intégration, celle où on essaye de ressembler aux natifs de souche pour se fondre dans la masse et c’est là où les choses peuvent commencer à se gâter. Pour ma part, et ayant toujours eu un attrait pour les cultures latines, partir vivre une aventure british était un véritable challenge. Si je n’aimais guère leur gout en matière de cuisine ou encore leur politesse si parfaite et leur discipline accrue concernant les lois, je me sentais accueillie tel le messie, avec des gens d’une bonté incroyable n’osant jamais vous montrer l’espace d’un instant le fond de leurs pensées.

Puis avec le temps, vient une phase d’habitude, celle où l’on va se rendre compte si l’on se sent à sa place, celle où l’on se sent comme à la maison, où la routine rappelle celle connue dans le pays d’origine. C’est à ce moment où pour moi les choses se sont passées différemment et pas forcément à la hauteur de mes espérances.

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L’autre côté de l’expatriation, un non-dit qui cache parfois des difficultés

Il y a de nombreuses choses qui vous manquent forcément, la famille, les amis, la cuisine de mamie, ça c’est indéniable. Souvent on essaye de retrouver des similitudes dans le pays d’accueil, essayant de combler un manque et de se sentir un peu comme à la maison. Pour ma part, ce fut un échec – si j’ai réussi à me faire beaucoup d’amis Français ou Espagnols, l’intégration vis à vis des anglais a pour moi été très difficile. Le manque de spontanéité, l’impression de toujours devoir prévenir à l’avance pour un rendez vous, les lapins posés à répétition ( l’expression filer à l’anglaise viendrait-il de là ? lol ) on est loin des apéros entre amis de dernière minute et de la raclette à la bonne franquette. Evidemment, j’apprécie beaucoup la culture British pour le côté décalé, l’impression de ne jamais être jugé quoi que vous fassiez, les pubs, les magasins, la gentillesse anglo-saxone, l’ouverture d’esprit dans le milieu du travail. Mais parfois le manque de franchise et le côté très insulaire uniquement concentré sur soi n’a pas forcément convaincu la personne très ouverte et très internationale que je suis. Lorsque je discute avec d’autres expatriés Français, je retrouve ce ressenti surtout en dehors des frontières de Londres, ville cosmopolite et très animée où toutes les nationalités se rassemblent.

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L’incompréhension des proches

Souvent les gens ne comprennent pas, je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu  » mais attends, c’est génial t’es à l’étranger et en plus à Londres » EUUUH STOP ! Je ne suis pas à Londres mais à Chester, et partir à l’étranger ne rime pas avec vacances,les gens pensent automatiquement que je passe mes journées à boire du thé, manger des scones et porter des robes à fleur, mais s’expatrier en Angleterre ce n’est pas vivre un film d’Harry Potter ou de bridget Jones, ce n’est pas passer son temps à se prendre en photo devant les jolies maisons de Notting Hill. L’expatriation n’est pas des vacances qui durent toute la vie mais bel et bien une intégration avec tout son côté positif comme négatif. comme la plupart des gens il faut aussi travailler et là encore les problèmes de culture ne se font pas rares. Je vous avoue que ma pause déjeuner, mes 3 semaines de vacances l’été, les avantages sociaux et la relation proche entre collègues me manquent terriblement. Souvent j’entends les gens se plaindre à répétition de la France, au point d’être limite écœuré de sa propre nationalité, comme j’ai pu l’entendre parfois de la bouche de certains français à l’étranger, ce qui m’a extrêmement choqué. Pourtant avec du recul je me rends compte à quel point nous sommes chanceux, et cela sur tellement d’aspects. Il suffit de voir le système de santé ici, l’éducation extrêmement cher, le manque total de professionnalisme de la fameuse NHS, le fait d’avoir attendu 3 mois pour enfin avoir le droit d’avoir un médecin traitant,de payer tout plus cher par manque d’historique sur le territoire, de passer 3 heures à épeler mon nom de famille car personne ne fait d’effort au delà de l’anglais, le manque d’intérêt et de curiosité pour ce qu’il y a en dehors des frontières de L’union Jack m’ont parfois quelque peu refroidie.

Se sentir coupable ?

Je ne vous le cache pas, parfois je me sens coupable parce que j’ai l’impression de ne pas avoir le droit de penser que mon expérience ne fut pas celle que j’attendais. Evidemment quand vous entendez de la part de tout le monde  » ah bon ? mais je comprends pas moi j’ai adoré et je connais tellement de gens qui ne rentreraient pour rien au monde en France » J’ai parfois envie de leur dire que chacun vit son expérience à sa façon, certains se sentiront bien en France, d’autres aux Etats Unis, d’autres préféreront l’Asie, d’autres n’aimeront même pas mettre un pied en dehors de chez eux. Au final, je ne regrette rien, j’ai tellement appris de cette expérience et j’en ai tiré tellement de bonnes choses, fait de superbes rencontres dont une certaine qui m’a tellement aidée et qui restera une amie à vie. Ce pays tellement riche culturellement a tellement à offrir, tellement d’opportunités sont à saisir, mais parfois, le globetrotteur qui sommeille en moi voudrait simplement revenir au bercail. Aujourd’hui, j’ai tellement de projets en tête, travailler pour moi même, me projeter dans ma propre maison, dans un endroit où je me sente bien, entourés des être chers. Peut-être qu’elle sert à ça l’expatriation finalement, à mieux en revenir et y apprécier ces choses qu’on avait finalement oubliées ?

Et vous ? êtes vous déjà parti(e)s à l’étranger ? comment avez vous vécu votre expatriation ?

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