La bicolorité des lectrices (45)

C'est encore un magnifique récit que je partage avec vous aujourd'hui, celui de Nicole. 
Le côté contraignant et aliénant de la coloration y est très bien décrit. Je pense que nous en avons toutes été à "calculer" à quel moment il serait "bon" de refaire notre coloration. D'ailleurs, bien souvent, plus pour les autres que pour nous-mêmes, par crainte de donner une mauvaise image, de paraître négligée. Vous comprendrez bien de quoi je parle en lisant cette présentation.
Une belle "prise de tête" qui laisse finalement place à un sentiment de libération intense une fois que l'on décide de dire "STOP" et que l'on s'autorise, que l'on ose enfin faire ce choix parce que c'est ce que l'on désire POUR SOI !!! 
Nicole, nous propose également une petite astuce pour atténuer la bicolorité, cela intéressera sûrement certaines d'entre vous. A chacune de trouver ce qui lui convient pour vivre au mieux la période de bicolorité ! ;-)
Une excellente continuation Nicole, en espérant voir l'évolution de ta chevelure...
Bonjour, C’est avec une grande émotion que j’ai découvert votre blog dont je n’ai pas encore parcouru toutes les histoires, mais j’ai déjà envie de vous écrire car ce que j’ai lu est un écho à mon ressenti et mon vécu actuel, et j’aimerais le partager avec vous.
Je suis une jeune femme de 58 ans. Premier cheveu blanc il y a 33 ans, colorations diverses depuis 30 ans, dont 25 de colo d’oxydation, la pure et dure. Teinte : châtain foncé allant du cuivré à l’auburn. Un rituel mensuel, incontournable, et un moment de plaisir et de détente chez le coiffeur. Impensable pour moi de laisser entrevoir un cheveu blanc. Si pas le temps pour le coiffeur, colo temporaire entre deux RV pour masquer en cas d’urgence (RV important, professionnel ou privé…) ou un bandeau pour cacher les racines.
Et puis, il y a quatre ans, un déclic : une de mes collègues est en arrêt de travail pendant longtemps suite à un accident, rien de grave, mais immobilisée à la maison ; elle profite de ce repos forcé pour arrêter ses colos, et nous la retrouvons, un an après…du long auburn au court poivre et sel, très sel. Le choc ! Mais un choc positif : elle était radieuse, lumineuse, et
comment dire, rajeunie ! Je l’ai badée, admirée, enviée, j’étais bluffée.
Depuis, j’en rêve, j’en parle à ma coiffeuse coloriste (que j’adore) : « Tu n’as pas assez de cheveux blancs, ça ne sera pas joli, etc ». Je ne saute pas le pas car je travaille, je suis souvent « en représentation », je DOIS être impeccable, mais je prends conscience avec horreur que comme mes racines réapparaissent au bout de 10-12 jours et que je fais une couleur environ tous les mois, en fait, je ne suis vraiment impeccable qu’un tiers de mon temps !! De plus, un vrai casse-tête devant mon agenda, non pas pour dégager du temps, mais pour réfléchir à la meilleure date : voyons voir, je pars en vacances, donc je fais la colo juste avant pour être impeccable, bien sûr, mais…ah zut dans 15 jours j’ai une soirée importante et j’aurai donc déjà les racines, et la semaine d’après, l’anniversaire de Machin, ce sera encore pire…Bon je ne la fais pas maintenant, mais juste avant la soirée : oui mais quand-même, pour les vacances, les racines, pas top, etc etc
Il m’est même arrivé, une réunion de dernière minute se greffant sur mon planning déjà chargé, de me lever à 5 h du matin pour faire la colo temporaire cache-misère pour être…ma-gni-faï-que !! Quelqu’un(e) se reconnaît ? Je m’impose sans broncher cette contrainte depuis 25 ans ?!!!! Mais quelle horreur !!
La révélation : le 19 juin 2015, j’ai fait chez le coiffeur ma couleur mensuelle : c’était la dernière. Mais ce jour-là je ne le savais pas encore.
Mi-juillet, je saisis mon téléphone et mon agenda pour programmer la suivante. Je le feuillette, renfrognée, et je ne trouve aucune disponibilité, mais surtout je ressens un malaise confus. Je remets ça au lendemain, mais à nouveau ce malaise, je bloque. Et là c’est clair : je claque mon agenda et je dis à haute voix, toute seule : J’ARRÊTE !!! Je ne vous raconte pas que j’ai dansé toute seule dans mon salon, mais presque ! En vrai, j’ai eu une sensation immédiate et immense de libération d’avoir pris cette décision.
Depuis, je regarde et touche mes cheveux, tout près du crâne, les blancs, et je les aime. Le reste, 80 %, est en sursis, entre 6 et 9 mois environ, car je les ai coupés pour gagner du temps. Je les chouchoute bien plus qu’avant : bain d’huile avant shampoing, masque, levure de bière (alimentation), etc et j’y prends encore plus de plaisir.
En revanche, un petit bémol : je n’arrive pas, contrairement à beaucoup d’entre vous, à porter et assumer la bicolorité : le contraste, la cassure nette entre le blanc et le foncé me dérange. Tout foncé oui, tout blanc oui, mais les deux côte à côte, je n’y arrive pas.
Alors je triche : j’applique environ tous les 15 jours une colo temporaire, Dédicace de l’Oréal, qui s’élimine en 6 à 8 shampooings ; elle recouvre juste la surface du cheveu, sans pénétrer le coeur du cheveu et sans en modifier les pigments. Elle est rapidement et totalement réversible. Sans PPD, sans résorcine, sans toluène, etc. Environ 8 € le flacon qui me sert pour deux fois. Les cheveux blancs ne sont pas complètement couverts bien sûr, mais la « cassure » est atténuée, floutée, fondue, donc mieux gérable pour moi. Et quand j’aurai enfin éliminé toute les parties colorées de la « vieille » colo, j’arrêterai tout, place au givre !!!
Je suis au début du chemin, 2 cm 1/2 de racines, mais j’ai l’intime conviction que je vais tenir bon, j’ai trop envie de me débarrasser de ce casque, de cette couleur qui pourtant me plaît, mais plus sur moi. Et surtout j’ai envie d’afficher clairement : je fais ce que je veux si ça me plaît. J’ai conscience aussi que cette décision est le fruit d’une réflexion profonde sur d’autres choses de ma vie, plus personnelles, que je n’aborderai pas ici, mais il y a clairement un lien avec MA liberté.
J’ai également une question d’ordre pratique : je n’en suis pas encore à entretenir mes cheveux blancs et lutter contre le jaunissement, mais j’ai trouvé dans « les cheveux de Mini » l’oxyde minéral bleu à utiliser en après shampoing. Or quand on regarde la roue chromatique, on voit bien que le bleu s’oppose à l’orange, et le violet au jaune. Donc le bleu servirait plutôt à lutter contre les reflets orange, « queue de vache », et le violet contre les reflets jaunes. Qu’en pensez-vous ?
Voilà, ma première bafouille, j’espère vous lire en retour, et peut-être avoir des échanges avec d’autres Givrées ou futures Givrées, si mon témoignage est publié. Je me suis inscrite à votre blog, je ne vais pas vous lâcher de si tôt !!! A bientôt j’espère.
NICOLE
19.06.2015, juste après ma dernière couleur, mais je ne le savais pas !

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10.09.2015 : presque 3 cm de racines, et 15 jours après une colo temporaire, donc 4/5  shampoings

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10.09.2015, une pince pour aplatir et mieux voir les racines : on voit bien la différence entre les racines pas tout à fait blanches puisque colo temporaire, et le reste plus cuivré.

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 Je vous souhaite un excellent lundi...