"Cape" ou pas cape ... ?


C'est une jolie cape, je dirai même une belle cape.
Un beau tissu vraiment. Le velours est de belle qualité, belle coupe, beau tombé: elle me sublime, me pare, se suffit à elle même car c'est une belle pièce.
Elle virevolte au grès du vent, comme une feuille d'automne entamant sa ronde. Comme une danseuse fine et gracieuse qui envoie son bras dans une élégante arabesque, qui déploie son cou afin de l'offrir à la lumière.
Et lorsque la lumière est si belle, que le soleil est là et que de ses rayons il me réchauffe le corps et le coeur, alors je n'en n'ai plus besoin de cette cape, je la fais glisser sur moi, à mes pieds.
Je me suffis à moi même, je m'ouvre au monde, je suis aimé et j'aime, je suis heureuse. Je souris et je ris. Je tisse ce fil si léger et si fragile d'amour, tant essentiel à ma vie ... mais tellement fragile que je garde la précaution de ne pas jeter ma cape.
Elle a un coloris si particulier, changeant au fils de mes humeurs.
Ce sont des coloris intenses, pas de délavés dans ma vie:
Un rouge ardent de la passion,
Un orange intense de chaleur,
Un gris souris des jours de petite mine,
Un noir profond, aussi profond que ma tristesse.
Ma cape, je la garde dans un coin, je sais où elle est, je la porte lorsque j'ai besoin de réconfort, de chaleur, de poids sur moi pour me rappeler que j'existe en dessous car je sens, je la ressens sur mes épaules.
Oui elle est bien là, car elle est lourde à porter parfois. Elle devient traître, elle m'entraine vers des abîmes sombres et noires, me tire vers le sol alors que je voudrais m'envoler vers les airs. Elle s'enroule autour de moi telle une anguille et me prive de mon air, j'étouffe, je n'ai plus de voix, j'expire, je me vide de mes larmes comme d'autres de leurs sangs.
Sans y trouver de réconfort, vainement.
Je me sens seule, tellement seule.
Se battre, se débattre. Retrouver assez d'énergie pour jeter ma cape, mon manteau de tristesse.
...