Utiliser la soude : solution et surgraissage.

Publié le 15 août 2016 par Samia
Dans ce nouveau billet je vais m'attarder à vous parler d'un ingrédient crucial lorsqu'on fabrique des savons à froid : la soude caustique. Comment l'utiliser ? Sous quelles formes ? Avec quelles précautions ? 
Si tu arrive en cours, je te redirige vers l'article récapitulatif (clique ici).

Attention : Il ne faut pas confondre la soude caustique avec le bicarbonate de soude, ou encore les cristaux de soude. 
La soude caustique est un alcali d'origine minérale ou végétale. Elle est corrosive et toxique. S'en servir c'est prendre des risques et se protéger avec le port de gants, de lunettes et d'un masque de protection. Tout ce matériel se retrouve dans les magasins de bricolage.
Point vocabulaire Pour désigner la dissolution de la soude caustique dans de l'eau on parle de solution de soude, lessive de soude ou réduction de soude.  

Définition du surgraissage :

Comme je l'ai expliqué dans le lexique, les savons à froid ont un pH situé entre 8 et 9 et sont surgras. A quoi correspond ce surgraissage ? 
Pour saponifier un certain volume d'huile, il faut une quantité minimale de soude caustique. Le surgraissage consiste à sous-doser volontairement la soude pour qu'une partie des huiles ne soient pas saponifiées. Le processus fonctionne aussi si les huiles sont surdosées.

Exemple :

  • Disons que pour saponifier 100g d'huile d'olive, la mesure de soude à mettre soit de 5g (ce n'est pas le taux réel, juste pour l'explication). Avec ce volume de soude, je suis sûre de transformer les 100% de l'huile végétale en savon.
  • Si je mesure 105g d'huile végétale pour 5g de soude, j'aurai un savon surgras à 5%. C'est à dire que 5% de l'huile végétale n'aura pas été saponifiée par la soude.
  • Cette technique permet d'adoucir les savons qui sans surgraissage ne seraient pas doux au contact de la peau. Un savon contenant plus de soude qu'il n'en faut pas saponifier les huiles est un savon caustique.
En saponification à froid, le surgraissage ne doit pas non plus dépasser un certain pourcentage. Un savon trop surgras sera mou et ne sèchera pas. 
Le surgraissage se calcule dès l'élaboration du savon, et se situe en 5% et 10%. En dessous, le savon est caustique, et au dessus trop surgras. Il peut aussi se faire à la trace, c'est à dire une fois que la pâte à savon est faite, on ajoute alors directement dans la pâte à savon une petite quantité d'huile(s) végétale(s). On appelle cela le surgraissage additionnel car il est facultatif ! Bien évidemment ce dosage est précis, et pas panique, les calculateurs de saponification sont là pour ça !

La soude caustique : comment la choisir ? 


La soude caustique en poudre 


  • En magasin de bricolage, elle s'achète en format de 1kg pour un prix de 12€ environ. Si vous souhaitez éviter les déchets plastiques, c'est difficile. Elle n'est pas vendue sous un autre format, sachant qu'un bouchon sécurité est nécessaire étant donné la dangerosité du produit. Vous la trouverez au rayon entretien de la maison.

La lessive de soude caustique 


Dans ce même rayon, vous trouverez la lessive de soude caustique. Qu'est-ce c'est ? Tout simplement de la soude caustique en poudre diluée dans de l'eau. 
  • Quelle est la différence avec la soude caustique en poudre ? Le mélange soude + eau est ici déjà prêt, ce qui est pratique quand on est débutant. D'autant plus que faire soi-même le mélange eau + soude nécessite des conditions de sécurité et un protocole particulier. 

  • Il y a également une différence de prix : 0.70€ le litre. Ce qui nous permet de fabriquer 3kg de savon ! Aussi, si vous souhaitez éviter les déchets plastiques c'est loupé aussi. Je n'ai pas trouvé de solution de soude vendue dans des flacons en verre, et ici aussi on trouve un bouchon sécurité en plastique. 

Fabriquer soi-même la lessive de soude : protocole et précautions de sécurité. 


En achetant la soude caustique en poudre, vous allez fabriquer vous-même la solution de soude. Est-ce un pari intéressant ? Ou vaut-il mieux l'acheter toute faite ? 

Voici cinq points résumant la situation : 


  • Ça coûte moins cher de le faire soi-même environ 0,40€ le litre de solution de soude.
  • En revanche il faudra acheter un kilogramme de soude caustique et être sûre de l'utiliser. Je n'ai pas trouvé de format plus petit en magasin de bricolage. 
  • Fabriquer la solution de soude nécessite des précautions de sécurité comme le faire à l'extérieur, ou dans une pièce bien aérée en raison des vapeurs toxiques.
  • Il faut du matériel adapté : en inox, en verre, ou en silicone. Pas de bois ou d'autres matériaux qui pourraient réagir avec la soude. 
  • La lessive de soude déjà prête est plus adaptée aux débutants.

Les précautions de sécurité : 


Note : Le matériel est très important, avoir les bons ustensiles vous permettra de fabriquer votre solution en toute sécurité.
  • Les gants : Prenez des gants de bonne qualité. Les gants en plastique blancs font l'affaire, si vous pouvez les laver et réutiliser après usage c'est top ! Difficile d'éviter le plastique ici aussi. Ma préférence va aux gants ménagers que je réutilise à chaque fois. 
  • Un vêtement à manches longues : les gants ne protègent que l'avant bras, ne manipulez pas la soude avec un haut sans manches. 
  • Un masque : Il permet de se protéger des vapeurs toxiques émises par la réaction chimique entre l'eau et la soude caustique. L'achat se fait en magasin de bricolage, des kits sur le site Aroma-Zone sont également en vente. 
  • Des lunettes de protection : Importantes pour protéger les yeux, on en trouve facilement en magasin de bricolage ou sur le site Aroma-Zone. Le mieux pour une utilisation occasionnelle reste l'emprunt à des amis ou au garage de papa. ;)
  • Un pot refermable en verre : J'utilise un pot de confiture en verre assez haut pour contenir les projections. L'avantage c'est qu'il ne coûte rien ou presque, et qu'il est hermétique. La solution de soude ne doit pas couler une fois le bouchon refermer. 
  • Une spatule en silicone : Elle permet de faciliter la dissolution de la soude. Une autre matière (bois, métaux) réagirait avec la soude, provoquerait une réaction chimique qui interagirait avec elle que l'on souhaite. La soude attaque le bois, ce qui n'est pas recommandé pour les mêmes raisons. 
  • Un verre pour peser la soude séparément : La soude se verse dans l'eau et non l'inverse ! Pour plus de précautions, le meilleur protocole consiste à peser la soude avant de l'ajouter à l'eau. Le verre résiste bien à la soude d'où ce choix. 
  • Une balance de précision : Les quantités de soude et d'eau sont à mesurer avec précisons. Vous pouvez vous tromper, mais ne mettez pas moins que la quantité indiqué. Si vous dépasser le volume indiqué, une marge de 5g est correcte. Au-delà, le calcul ne sera plus aussi précis. 
  • Une étiquette vierge : Il est TRÈS IMPORTANT D’ÉTIQUETER LE FLACON CONTENANT LA SOLUTION DE SOUDE (on l'appelle aussi réduction de soude). Le mélange devient transparent et assimilable à de l'eau. Or cette solution est inodore, incolore et surtout corrosive. Ainsi même si vous utilisez la solution dans l'heure suivante, il est indispensable de mettre une étiquette indiquant ce que le pot contient. N'importe qui pourrait s'y méprendre même vous. 
  • Un flacon d'alcool : Désinfecter le matériel est primordial pour réaliser des soins cosmétiques dans la meilleure hygiène. 

Exemple d'imprudence : Une amie savonneuse expérimentée m'a raconté comment elle avait fabriqué sa solution de soude dans un simple verre. Assoiffée, elle l'a confondu avec un verre  d'eau et a faillit le boire. Faites donc très attention à respecter cette étape. 

Le protocole à suivre...

... à la lettre (sinon c'est à vos risques et péril, je me décharge de toute responsabilité hein !) 
Étape 1 : Désinfecter à l'alcool tout le matériel. 
Étape 2 : Peser le volume d'eau indiqué dans le calculateur de saponification. Puis le verser dans le pot de confiture. 
Étape 3 : Mettre les gants, les lunettes, le masque. 
Étape 4 : Peser le volume de soude caustique en poudre indiqué dans le calculateur de saponification. (Je vous explique dans un prochain article comment s'en servir, rien de très compliqué).
Étape 5 : Verser la soude caustique dans l'eau. Notez bien ceci, et ne faites surtout pas l'inverse ! 
Attention : en versant la soude caustique dans l'eau, vous allez apercevoir des petites projections. Ce sont des projections d'eau, et c'est normal. En faisant le protocole inverse, vous obtiendrez des projections de soude, ce qui est très dangereux !!! 
Étape 6 : Prendre la spatule en inox, ou silicone et mélanger afin de faciliter la dissolution de la soude. 
Étape 7 : Le mélange devient transparent comme de l'eau et chaud. C'est normal. On provoque ainsi une réaction chimique  très forte qui dégage de la chaleur. 
Étape 8 : Refermer le pot et s'assurer qu'il ne coule pas ! Je vous recommande vivement l'utilisation d'un pot de confiture, simple à trouver et fiable. 
Étape 9 : Il est crucial d'étiqueter cette solution de soude afin que vous sachiez ce que le pot contient. Le mélange étant transparent et inodore il se confond facilement avec de l'eau. C'est donc une question de sécurité que de mettre une étiquette "réduction de soude", même si vous allez utiliser le mélange dans l'heure qui suit. 

Maintenant, tu as tous les détails pour fabriquer ta solution de soude ou te décider à l'acheter. 

Cette étape est primordiale si tu souhaites réaliser tes propres savons. 

Si tu as des questions, que ce soit sur le protocole ou un détail surtout n'hésite pas. Je réponds à tous vos commentaires. Il n'y a pas de question bête ! 


La soude n'ayant plus de secrets pour toi, je te propose de passer à l'étape suivante : préparer la pâte à savon.


Liste des articles sur le même sujet :


1. Petit lexique pour commencer. 
2. Qu'est-ce qu'un SAF ?  
3.  Le bon dosage des huiles. 
4. Le dosage de la soude : solution et surgraissage.  
5. Préparer le savon : c'est quoi la trace ?  

 La semaine prochaine :
7. Le matériel (pas si compliqué) à avoir.  
8. Colorer les savons.  
9. Couler sa pâte à savon,  dans quel moule ?  
10. Le démoulage du savon. 
11. Les bêtises à ne pas faire.

A bientôt !